Oxfam, une organisation non gouvernementale (ONG) de solidarité internationale, a profité des débats sur la réforme bancaire à l’Assemblée nationale, pour dénoncer à nouveau la spéculation des grandes banques occidentales sur les marchés agricoles, ainsi que leur responsabilité dans la flambée des prix, qui affame les populations de l’hémisphère sud.
Dans un rapport intitulé « Ces banques françaises qui spéculent sur la faim », qui sera publié mardi 12 février, l’ONG révèle que les quatre principaux acteurs du secteur – BNP Paribas, Natixis (BPCE), Société générale et Crédit agricole – géraient, pour leurs clients, en novembre 2012, « au moins dix-huit fonds qui spéculent sur les matières premières ».
« Il y a deux façons de spéculer, explique Clara Jamart, responsable de la sécurité alimentaire chez Oxfam France. En prenant des positions sur les marchés de produits dérivés de matières agricoles. Ou par ces fonds indiciels, qui suivent les prix des matières premières agricoles et les poussent à la hausse. »
« La majorité de ces fonds ont été créés depuis la crise alimentaire de 2008, dans le but manifeste de faire des profits sur la hausse tendancielle des marchés agricoles », estime Clara Jamart. « C’est grave, car la faim est un problème de prix. Nous produisons assez pour nourrir l’humanité », ajoute-t-elle.
BNP Paribas arrive largement en tête avec plus de 55 % de l’activité totale en termes de nombres de fonds (10) et de montants investis estimés (1 419 milliard d’euros), loin devant Natixis (un fonds, 620 millions d’euros), Société générale (quatre fonds, 467 millions) et Crédit agricole (2,25 fonds, 77 millions d’euros).
Crédit mutuel, la Banque postale, Crédit coopératif et la Nef « feraient figure de banques responsables », écrit Oxfam, qui souligne toutefois que ces relevés ne sont « pas exhaustifs » compte tenu de la complexité et l’opacité de ces activités spéculatives.
« BNP Paribas a nié faire de la spéculation, le Crédit agricole a annoncé qu’il fermerait trois de ses fonds mais pour de mauvaises raisons et BPCE a fait mine de découvrir leur existence », raconte Clara Jamart. « Notre objectif est de les faire se positionner sur le sujet et prendre des engagements à réduire puis à renoncer à ces activités de spéculation », poursuit-elle.
Ce rapport vise à interpeller les parlementaires français à l’occasion du lancement d’un débat crucial sur le projet de loi qui prévoit d’interdire les activités de spéculation en fonds propres des banques sur les marchés des matières premières agricoles. Oxfam demande donc aux députés de revoir leur copie et de n’autoriser que les opérations « correspondant à un besoin légitime de couverture des risques liés à l’activité agricole sur les marchés physiques ».