Avec 3,4% des voix, le Nouveau parti anticapitaliste s’est effondré et la grogne commence à se faire entendre dans les rangs de ses militants. C’est le cas notamment des partisans de l’unité avec les autres formations de la gauche de la gauche comme Yann Cochin.
Yann Cochin est un des artisans de « Convergences et alternative », le « courant unitaire du Nouveau parti anticapitaliste ». Au vu des résultats du premier tour des régionales, il regrette « l’isolationnisme » dans lequel s’est enfermé le NPA, dénonce un positionnement qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de feu la LCR et appelle la direction actuelle à un « sursaut ». Un « sursaut » qui doit venir vite car, prévient-il, « un certain nombre de militants se posent des questions… »
Les résultats du premier tour sont très durs pour le NPA, mais ils vous donnent raison ?
Il nous faut sortir de cette position isolationniste. Un congrès du NPA était prévu en novembre. Mais c’est bien tard. Lors du Conseil politique national qui doit se tenir les 27 et 28 mars, nous allons appeler à la tenue d’un congrès dès le mois de juin. Il y a urgence à faire le bilan. D’abord, le bilan sur les objectifs initiaux qui avait été énoncé lors de la constitution du NPA — je ne suis pas du tout certain qu’ils aient été respectés — et, d’autre part, un bilan de notre politique unitaire. Le Limousin (où le NPA et le Front de gauche se sont alliés et ont obtenu près de 13% des votes, ndlr) est un exemple probant. Ce genre de régions dit des choses : que c’est possible au niveau national.
La consultation des militants en décembre avait déjà révélé de profondes lignes de fracture sur la question des alliances avec les autres organisations de la gauche de la gauche. Trois camps de force quasi équivalente étaient apparus : les pour, les contre et, naviguant tant bien que mal au milieu, la direction ? En fait, il ne cohabite que deux visions : ceux qui veulent une organisation d’extrême gauche révolutionnaire de forme classique et peu éloignée de ce qu’était la LCR et ceux qui veulent un parti de masse démocratique.
Cette fracture n’est pas nouvelle. Par le passé, elle a même poussé vers le départ certains militants. Est-ce qu’avec ce score aux régionales, on doit s’attendre à de nouvelles défections dans les rangs du NPA ?
Un certain nombre de militants se posent des questions. Moi-même je n’ai pas envie d’appartenir à un parti d’extrême gauche qui ne souhaite pas peser dans les rapports de forces électoraux et qui ressemble trait pour trait — même si j’ai beaucoup de respect pour ses militants — à la Ligue. Mais on n’en est pas là et l’on espère un sursaut de la direction.
Mais au-delà de l’isolement du NPA, on ne peut pas dire que la campagne ait été d’une grande efficacité. La seule fois où le parti anticapitaliste a fait parler de lui nationalement, c’est avec Ilham Moussaïd, sa candidate voilée en Vaucluse (1) ?
C’est certain que ça ne nous a pas beaucoup aidés. Une erreur a été commise par la direction dans sa manière de traiter cette question. Après, il faut reconnaître que le cas de cette candidate a été tout de même sur-médiatisée. Mais c’est un vrai débat. Pas seulement pour le NPA. C’est un vrai débat qui traverse toute la gauche.
La présidentielle est la prochaine grosse échéance électorale. Votre stratégie unitaire peut-elle s’appliquer pour ce scrutin ? Le NPA peut-il et même doit-il, selon vous, s’effacer et se ranger derrière un candidat unique de la gauche de la gauche ?
C’est d’autant plus envisageable qu’Olivier Besancenot ne semble pas si partant que ça pour une nouvelle candidature. Plus qu’envisageable, c’est même une nécessité. Il ne faut pas que l’on retombe dans les travers tragiques de 2002. Mais pour cela, il faut que l’on parvienne à se mettre d’accord sur un programme…
(1) La liste sur laquelle elle figurait a finalement recueilli 2,06% des voix au niveau départemental et 2,11% à l’échelle de la région Paca.