Vous souvenez-vous du réseau Échelon qui espionne les télécommunications et les courriers électroniques de toute la planète en fonction de mots clés ? Ce système piloté par Washington, inclut les participations également du Canada, du Royaume-Uni et de l’Australie.
Eh bien Échelon, c’était une petite brise de mer par rapport à Vent Stellaire (Stellar wind). Avec ce projet l’espionnage des communications mondiales va passer au stade industriel. Et cette fois, la NSA refuse de partager les informations recueillies avec quiconque, Vent Stellaire est au profit du complexe militaro-industriel américain, et de lui seul.
Le projet a été voté par le congrès en 2008 sous Georges W. Bush, malgré l’opposition du ministère de la justice qui jugeait Vent Stellaire inconstitutionnel. En effet, il s’agit d’espionner toutes les communications qui rentrent aux USA mais aussi à l’intérieur, donc de légaliser la surveillance permanente de la population américaine. Grâce à quelques entourloupes législatives le projet fut néanmoins voté relativement discrètement.
Le principe de base est assez simple, il s’agit de surveiller au moyen du DPI (deep packet inspection) tout ce qui passe par le réseau. Le système fonctionne à deux niveaux. Soit comme Échelon à partir d’un système de mots clés : dès que le mot apparaît dans une communication le système enregistre toutes les données de l’utilisateur (contenus de e-mails, des tchats, pages internet consultées, comptes bancaires, feuilles d’impôt, etc). Soit en partant des numéros de téléphone, du moment que le système a un numéro de téléphone, il enregistre toutes les données correspondantes automatiquement. La NSA a donc bien sûr signé des accords avec les plus gros opérateurs de téléphonie (AT&T) pour avoir accès à toutes leurs données.
Mais Vent Stellaire ne veut pas simplement faire du super-Échelon. Le but est aussi d’explorer le deepnet : les pages ou les données sécurisées par mot de passe, certains échanges de fichiers par FTP par exemple, les communications cryptées des gouvernements, etc…
Et là ça se complique un poil. L’algorithme de cryptage utilisé aussi bien par des navigateurs web usuels, que par des États, des institutions financières, ou bien sur des terroristes, l’AES (Advanced encryption standard) est pour l’instant impossible à casser.
Sauf à utiliser la méthode dite de la « force brute » (recherche exhaustive). Pour ce faire il faut deux choses. D’abord, cela paraît évident, des ordinateurs surpuissants qui peuvent attaquer le cryptage. La NSA y travaille actuellement dans le Tennessee. Mais ensuite, pour pouvoir casser le cryptage AES il faut pouvoir stocker le maximum de données pour chaque source. Plus le nombre de messages stockés est important, plus il sera facile de repérer un schéma récurrent dans le cryptage permettant ainsi de le casser.
Mais où stocker tout cela ?
Visiblement dans l’Utah près de Salt Lake City. Le projet s’était fait un peu oublier depuis 2008, il n’a pourtant pas été abandonné, loin de là. La NSA s’est lancé dans la construction d’un complexe pharaonique. Une enquête très complète sur ce complexe vient d’être publiée par Wired. Le but est de pouvoir stocker des quantités astronomiques de données. Le complexe est conçu pour traiter des yottabits de données, en voyant large un yottabit se stocke sur une surface d’environ une main, le complexe fera une surface d’un million de m2.
La NSA se donne donc les moyens de la surveillance totale dont elle rêve. Un pas de plus vient d’être franchi dans le fichage, le flicage et la destruction de la vie privée, et ce à l’échelle planétaire. Le futur s’annonce merveilleux.