L’homme comparaissait vendredi pour incitation à la haine à l’encontre de Frédéric Haziza. À la barre, d’un air martial, il s’est défendu d’être antisémite.
Comédien, jusqu’à son entrée en scène : trente minutes de retard. Ses féaux, nombreux, l’ont attendu, vendredi 17 octobre, devant la salle de la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris, où il comparaissait pour incitation à la haine à l’encontre du journaliste Frédéric Haziza. Tel un boxeur avançant vers le ring, Alain Soral a fendu la foule, tapant dans les mains qui s’offraient à lui, bombant le torse pour que chacun admire l’imprimé de son tee-shirt (« Goy », non-juif, en lettres gothiques), tandis que ses supporteurs entonnaient La Marseillaise et multipliaient les quenelles dieudoniennes. Le tout sous le regard inquiet de policiers en civil. Et sous l’œil du caméraman attitré du site Égalité & Réconciliation, qui ne ratait rien de la scène. Le public : des gens de partout. Des jeunes, des vieux, des banlieusards de Versailles comme de La Courneuve. On est venu cravaté ou en survêtement, mais qu’importe la tenue, pourvu qu’on approche l’idole.
Alain Bonnet dit Soral, une fois à la barre, ne s’est pas départi de cet air martial. Toujours ce menton haut, défiant le tribunal. De l’arrogance dans le verbe. Que de mots tirés de jargons socio-politico-historico-ethnologiques dans ses interventions, qui fascinent les siens. Que de tics sur le visage. Derrière lui, son public. À sa gauche, son avocat, plus observateur qu’acteur. À sa droite, Frédéric Haziza.
« C’est de l’humour »
Cyrano est prêt. On lui montre ce pour quoi il est là : une vidéo diffusée en décembre 2012 sur son site Internet dans laquelle il s’en prend au « con du mois » Frédéric Haziza. On l’y entend clamer : « J’en ai marre que des gens qui représentent moins de 1 % de la population française, qui tiennent à peu près toutes les places de décision, crachent à la gueule de Français comme moi. » Devant l’écran, il sourit, se marre, valide d’un geste de la tête ses propres propos. « C’est de l’humour », dira-t-il, plus tard. Ensuite, au micro, il décline son état civil, son salaire « moins de 5 000 euros » par mois, ses adresses. Il se pose en petit-fils de résistants, en « Français de souche », en chrétien, en républicain, en « moraliste », en « patriote », en « intellectuel », en « pédagogue », en « pro-palestinien », en disciple de l’intellectuel Cornelius Castoriadis...