Le système de l’aide humanitaire est complètement débordé par l’accumulation des crises, a averti mardi le Haut Commissaire aux réfugiés Antonio Guterres. Les besoins ont atteint un niveau record, et le financement est en quasi-banqueroute, a-t-il dit.
« Les gouvernements s’attendent à ce que nous recollions les morceaux. Laissez-moi être très clair : nous ne pouvons plus nettoyer ce gâchis » a déclaré le Haut Commissaire, devant le comité exécutif de l’organisation réuni à Genève, en accusant les gouvernements d’indifférence.
« Avec l’augmentation exponentielle des besoins ces trois dernières années, le système de financement de l’aide humanitaire est en quasi-banqueroute » a-t-il prévenu.
51,2 millions de déplacés
Le nombre des déplacés dans le monde, 51,2 millions, n’a jamais été aussi élevé depuis la Seconde Guerre mondiale, a rappelé Antonio Guterres.
Les conflits en Syrie, en République centrafricaine, au Soudan du Sud, en Ukraine et en Irak ont causé d’immenses souffrances et s’ajoutent à d’autres conflits prolongés non résolus. « À chaque nouvelle crise, nous nous nous rapprochons de la limite de ce que nous pouvons faire et clairement nous ne faisons plus assez », a affirmé Antonio Guterres.
Record de 22 milliards de dollars en 2013
L’an dernier, les dépenses des organisations humanitaires avaient déjà atteint un record de 22 milliards de dollars, dont 2,9 milliards pour le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), a-t-il indiqué.
« La situation en Syrie exige que nous réexaminions la manière dont nous travaillons ensemble, car les besoins massifs dépassent les ressources, l’expertise et les capacités des acteurs humanitaires », a poursuivi Antonio Guterres.
« Choqué par l’indifférence »
« Au cours de ces dernières années, des conflits ont éclaté dans des myriades d’endroits et ces crises deviennent à la fois plus imprévisibles et de plus en plus liées entre elles » a indiqué le Haut Commissaire. « Il est très probable que cela va nous conduire à d’énormes augmentations supplémentaires des besoins ces prochaines années » a prédit Antonio Guterres.
« Je continue d’être profondément choqué par l’indifférence de ceux qui portent la responsabilité politique de millions de personnes déracinées. Ils acceptent le déplacement forcé, comme un dommage collatéral des guerres qu’ils mènent. Ils croient que les humanitaires vont recoller les morceaux. Mais laissez-moi-moi être clairs : nous ne pouvons plus réparer ce gâchis. Quelqu’un doit l’empêcher de se produire », a conclu Antonio Guterres sur une note personnelle.