Le vendredi 30 janvier, la Banque Centrale de Russie a décidé de baisser son taux directeur à 15% contre 17% auparavant. Le rouble s’est immédiatement déprécié, passant la barre symbolique des 70r/1usd. Il est pourtant clair que cette mesure a été réfléchie et qu’elle témoigne du choix du gouvernement de privilégier l’économie sur la situation financière. Cette mesure pourrait cependant annoncer un réel basculement dans la politique économique et financière de la Russie.
Une mesure symbolique
Le gouvernement et les autorités monétaires avaient augmenté très brutalement le taux directeur de la Banque Centrale de Russie, le passant de 10,5% à 17% le 16 décembre à 1h00 du matin, dans l’espoir de casser la spéculation contre le rouble qui s’était déclenchée depuis quelques jours. Cette mesure avait été inefficace. La spéculation fut bien cassée mais non par l’arme des taux. Ce sont des interventions puissantes de la Banque Centrale, appuyées sur un accord avec la Banque Centrale de la République Populaire de Chine, qui ont déclenchées une contre-spéculation, où des traders ont perdu beaucoup d’argent.
Mais, le taux de 17% posait un véritable problème pour l’économie de la Russie. De fait, il rendait impossible à financer des activités économiques pourtant en plein développement. Cette politique a un coût. Si ces taux devaient s’inscrire dans la durée, ils étrangleraient l’économie russe et en particulier l’investissement. Aussi pouvait-on se poser la question du sens politique de cette mesure. Dans une situation où le marché des changes reste très nerveux et où la confiance des opérateurs n’est pas revenue, la meilleure solution pour la Russie consisterait en réalité à introduire rapidement des mesures réglementaires de contrôle des capitaux. Mais, jusqu’à présent les autorités se refusaient à considérer cette option. Pourtant, si l’engagement du Ministère des Finances et de la Banque Centrale au profit du rouble devait se poursuivre dans le cours du mois de janvier, il faudrait alors reconsidérer sérieusement les différentes options possibles et le contrôle des capitaux en premier lieu.