Après l’épisode désastreux de l’usine d’Aulnay de PSA, les allers-retours du gouvernement sur le site de Florange d’Arcelor-Mittal montre une nouvelle fois la démission de l’exécutif à l’égard d’une mondialisation qu’il continue de laisser-faire, quelqu’en soient les conséquences pour les Français.
Paroles, paroles, paroles
Déjà, quand PSA avait annoncé la fermeture de l’usine d’Aulnay, on allait voir ce qu’on allait voir. Arnaud Montebourg était allé au journal de 20 heures pour critiquer (abusivement) les choix de la direction du groupe, feignant de ne pas comprendre que la fermeture de cette usine était la conséquence du libre-échange et des politiques austéritaires menées en Europe, qui ont fait s’effondrer le marché automobile. Il avait annoncé un grand audit et que le gouvernement ferait plier PSA.
On sait ce qu’il en est advenu : le site fermera, le nombre de suppressions d’emplois restera le même. Puis, le gouvernement s’est engagé dans un bras de fer avec ArcelorMittal au sujet de la fermeture de l’usine d’une partie de l’usine de Florange. L’aciériste a déjà un lourd passif à sa charge puisque Nicolas Sarkozy avait promis, en vain, de sauver le site de Gandrange. Arnaud Montebourg a fait feu de tout bois, évoquant une reprise du site par un autre industriel ou une nationalisation.
Mais vendredi, le Premier Ministre a rendu son arbitrage et a décidé de laisser le site à Arcelor-Mittal, qui se serait engagé à y conserver une activité pendant 6 ans, y investir 180 millions d’euros, sachant qu’en plus, il pouvait accueillir le projet européen Ulcos de production d’acier à faible impact carbone. Déjà, les syndicats et la classe politique avaient réagi de manière très négative à cet accord, Nicolas Dupont-Aignan y voyant une « gauche couchée » et Jacques Sapir « une honte et une trahison ».
Le changement, ce n’est pas pour maintenant
Pire, la révélation du projet d’accord entre l’Etat français, s’il montre que l’engagement d’ArcelorMittal est inconditionnel, contrairement aux précédents, révèle de nombreuses failles. Tout d’abord, sur les 180 millions d’euros d’investissement annoncés, 127 se trouvent être des investissements de routine pour assurer le fonctionnement du site. Seuls 53 millions correspondront à une véritable modernisation du site. Ensuite, rien n’empêche Mittal de supprimer des postes.
En effet, même si l’accord semble protéger les autres sites français, comme le note Jacques Sapir, Mittal semble garder toute latitude pour ne pas remplacer les salariés partant à la retraite ou même les départs volontaires. Bref, s’il n’y aura pas de plan social, cela risque de revenir au même dans les faits. Et de manière totalement incompréhensible, alors que le projet Ulcos était évoqué dans l’accord de vendredi,
Naturellement, les syndicats, qui n’ont pas confiance dans la parole de Mittal, ont été ulcérés par ce retrait. Pourtant, Matignon a confirmé que cela ne remettait rien en cause... Bref, le gouvernement est totalement balotté par la mondialisation et les multinationales et démontre une impuissance qui rappelle furieusement celle de Lionel Jospin, comme l’écrit Jack Dion dans Marianne. Quand à Arnaud Montebourg, Bruno Roger-Petit explique bien pourquoi il reste à son poste, malgré ses hésitations.
Ce gouvernement n’est même pas social-démocrate comme le prétend Pierre Moscovici, il n’est que social-libéral. Il se laisse ballotter par la mondialisation comme un fétu de paille dans la tempête. Les Français savent désormais encore plus clairement qu’il faudra qu’ils s’accrochent ailleurs pour s’en sortir.