Le 19 août 1942, les Alliés lancent un raid sur le port de Dieppe. Plus de 6 000 hommes débarquent sur les rivages normands. Mal préparée, l’opération est un échec. France 24 revient sur cette page de l’Histoire à l’occasion du 75e anniversaire.
Plage de Dieppe. Sous un beau ciel bleu, les touristes ont posé leurs serviettes. Certains vont piquer une tête, tandis que d’autres bronzent tranquillement au soleil. Ils profitent en toute insouciance des vacances d’été. Combien d’entre eux savent ce qui s’est déroulé, il y a exactement 75 ans, sur ces mêmes galets ?
Le 19 août 1942, l’atmosphère n’est pas aux rires et au farniente. Les cris raisonnent sur la plage. Du bord de mer, s’élève une odeur de sang et de poudre. Des centaines de corps jonchent le sol. Depuis le matin, l’opération Jubilée fait rage. Alors que la Seconde Guerre mondiale déchire l’Europe, spécialement sur le front de l’Est, les Alliés ont décidé de lancer un raid pour éprouver le système de défense allemand à l’Ouest. Les soldats ont pour objectif de détruire des défenses côtières et quelques infrastructures stratégiques.
Plus de 6 000 hommes, dont 5 000 Canadiens, débarquent sur Dieppe ainsi que sur quatre autres plages aux alentours du port normand. « En France, c’est une histoire assez méconnue. Il n’y en a toujours eu que pour le Débarquement du 6 juin, alors que cette page a été importante lors du conflit », souligne Marcel Diologent, le vice-président de l’Association Jubilée. Depuis presque trente ans, ce groupe de passionnés œuvre pour faire vivre la mémoire du raid de Dieppe.
En 2002, dans un ancien théâtre près du front de mer, ils ont créé un Mémorial qui regroupe de nombreux documents, uniformes et objets sur cette journée du 19 août 1942. Sur les murs s’affichent notamment les portraits de ceux qui ont participé à cette attaque. « Beaucoup n’étaient âgés que de 17 ans. Il était tout à fait normal de leur rendre un hommage permanent car ils se sont engagés volontairement pour notre liberté », explique Martine Pietrois, présidente de l’association.
« Protégez-nous d’un pareil sort ! »
Le Québécois Robert Boulanger fait partie de ces très jeunes soldats. Il vient d’avoir 18 ans. Au matin du 19 août, il écrit quelques mots à ses parents. Sa lettre est affichée dans l’une des vitrines du mémorial :
« On nous avertit que nous sommes très près de la côte française. Je le crois, car nous entendons la canonnade ainsi que les bruits des explosions, même le sifflement des obus passant au-dessus de nos têtes. Je réalise enfin que nous ne sommes plus à l’exercice. Une péniche d’assaut directement à côté de la nôtre vient d’être atteinte, et elle s’est désintégrée avec tous ceux qui étaient à son bord. Nous n’avons pas eu le temps de voir grand-chose, car en l’espace d’une ou deux minutes, il n’y avait plus rien. Ô mon Dieu, protégez-nous d’un pareil sort ! »
Ce sont ses derniers mots. Une balle frappe Robert Boulanger en plein front. Il n’a même pas encore posé le pied sur la plage. En quelques heures à peine, 1 000 hommes perdent la vie, tandis que 3 000 sont capturés et faits prisonniers jusqu’à la fin de la guerre. L’opération est un échec. « Cela a vraiment été une tragédie. Tout a été fait pour que cela ne fonctionne pas. Il y a eu vraiment une impréparation manifeste », résume Marcel Diologent.
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L’effet de surprise est donc réduit à néant. Le soutien naval s’avère aussi insuffisant, tandis que le soutien aérien est aux prises avec l’aviation allemande. Dans le ciel, se joue l’une des plus grandes batailles aériennes de la Seconde Guerre mondiale.
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Les images d’archives de l’époque, en anglais puis en français :